I - OBJETS TRADITIONNELS
Historique des bouquets de moisson En Grande-Bretagne La dernière gerbe des moissons Le premier bouquet des moissons Rites et croyances Sainte-Brigitte Langage des couleurs La moisson au fil des mois
Le froment L'orge L'avoine Le seigle
Yvette Cattiau. |
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Leur entretien : à la belle saison nettoyer l'objet en paille avec de l'eau savonneuse, puis sécher sur les deux faces naturellement ou avec un sèche-cheveux éventuellement.
Historique des bouquets de moisson
Pour la petite histoire, sachez que les
bouquets
de moissons existent déjà depuis plus de 5000 ans. On
en trouve dans le monde entier sous des formes variées. Ils étaient
généralement symboles de fertilité. La dernière
gerbe de moissons coupée, on en faisait une figurine, ce qui donnait
lieu à des festivités et des cérémonies
rituelles.
Cybèle, déesse de la moisson,
vivait pensait-on, dans les figurines tressées dans les épis
mûrs que l'on gardait à l'abri l'hiver durant, pour protéger
la déesse. Au printemps, on avait coutume de les jeter dans les
champs pour que la déesse favorise la germination du grain.
Ces objets servaient aux sacrifices et
au culte rendu à une divinité agraire. On en a retrouvé
des spécimens sous forme d'anges au Mexique, en Allemagne, et en
Scandinavie on réalisait aussi des objets décoratifs avec
du blé. En Bulgarie, on en fait avec du maïs. Ces "fétiches"
peuvent prendre forme de figurines, mais souvent ce sont des formes traditionnelles,
la plupart du temps symboliques. Les plus beaux spécimens se trouvent
au musée de l'Homme. Ils viennent de différentes parties
de l'Europe. Partout où pousse le blé, de la Russie à
la Suède, de la Lithuanie au Yorkshire, de la Grèce à
la France, de l'Albanie à l'Italie, il est porte-bonheur, symbole
de fécondité.
Les Corn Dollies font partie des fêtes traditionnelles de la moisson en Grande-Bretagne. Considérées comme symboles de fertilité, elles étaient conservées d'une moisson à l'autre. On les tressait avec les dernières bottes de la récolte.
Presque toutes ces coutumes exprimaient la joie des moissonneurs et des batteurs de voir arriver la fin du travail ardu et leur reconnaissance pour le bon achèvement de la moisson. Avec les dernières gerbes ils fabriquaient des mannequins de paille qu'ils abandonnaient sur les champs. Tout en exprimant leur reconnaissance, ils formulaient des pensées pour obtenir une moisson fructueuse l'année suivante car ils ne savaient que trop combien de dangers menaçaient la jeune semence. Une bonne moisson signifiait pour eux la possibilité de survivre et d'avoir du pain une année entière.
La dernière gerbe des moissons
En Champagne, on l'appelle "gerbe des volailles"
et on l'offre à la plus belle fille de la maison.
En Normandie, c'est la "gerbe de la maîtresse"
et le maître la lie lui-même avant de la donner à sa
femme.
En Bretagne, la patronne délie
la "mère gerbe" et offre à boire.
En Bourgogne, la "gerbe cuisinière",
qui vaut dix gerbes normales, est réservée aux femmes ayant
préparé le repas de la moisson.
Dans les Deux-Sèvres, la "gerbe
de pampaille", préparée par les filles, est destinée
à celui qui a moissonné le premier sillon.
Le premier bouquet des moissons
"Acceptez ce bouquet, il n'est ni beau
ni bien fait, mais de bon cœur il est donné, acceptez-le tel quel
!" dit un refrain populaire à propos du premier bouquet de moissons.
En Lorraine, on l'offrait à la
maîtresse de maison, décoré de fleurs et de rubans.
Dans le Pas-de-Calais, on lui ajoutait
des bleuets et des pavots, et après bénédiction du
curé, on le suspendait au plafond de la chambre.
Le blé a ses dieux et ses rites
oubliés aujourd’hui il est vrai. Un peu partout on a cru à
un esprit du blé qui se logeait dans la dernière gerbe de
la moisson et on l’a matérialisé sous la forme d’une vannerie
à l’image de l’homme ou de l’animal symbolique (chèvre, chien,
renard, coq).
En Écosse, cette représentation
de l’esprit prend la forme d’une femme, que l’on nomme la « Vierge
». Mais chaque pays a ses couronnes et gerbes naïves ou savamment
tressées.
A Kermland en Suède, la fermière
emploie les grains de la dernière gerbe pour faire un pain en forme
de petite fille... on le partage et toute la famille en mange.
Dans l’île d’Ossel, les habitants
refusent de manger le pain fabriqué avec le nouveau blé avant
d’avoir mordu un morceau de fer. Le but de l’opération est de rendre
inoffensif l’esprit qui se loge dans le blé.
Actuellement en Lithuanie, un usage étrange
continue à se perpétrer. Lorsque l’on mange les miches faites
avec le blé nouveau, chacun, à la table, tire sans vergogne
les cheveux de son voisin.
Comme Saint-Patrick, Sainte-Brigitte est
un des premiers saints en Irlande.
Elle est connue comme "Mary de Gaël"
patronne de l'Irlande. La père de Saint-Brigitte était un
chef païen. Quand le moment de sa mort arriva, elle s'assit près
de lui et tout en priant, pendant qu'elle observait sa longue veille, elle
tissait sa première croix avec de la paille (à cette époque
le sol était recouvert de paille et de nattes). Son père,
voyant la croix, lui demanda de lui expliquer sa signification, et par
suite devint profondément intéressé par la croix
du Christ - le symbole chrétien - ; il mourut d'ailleurs en chrétien
et la croix devint emblème de Sainte-Brigitte.
Il est cru pieusement que cet emblème
préserve du mal et de la faim les maisons dans lesquelles il est
exposé.
Ces bouquets peuvent aussi être langage
d'amour, tel le ruban à cinq pailles.
C'était les valets de ferme qui
les réalisaient, et ces faveurs constituaient des gages d'amour
pour l'élue de leur cœur.
Les rubans qui décoraient ces objets
traditionnels ont diverses significations :
le rouge représente le coquelicot
et la chaleur,
le vert : le printemps et la fécondité,
le bleu : le bleuet et la vérité,
le jaune : le blé et la déesse
Cérès,
le blanc : la pureté,
le marron : la terre.
Ô Soleil ! … Toi sans qui les choses
ne seraient pas ce quelles sont ! a chanté le poète.
L'astre des belles journées et
aussi celui, grâce à qui sur notre globe la moisson ne s'interrompt
jamais…
- En janvier, les blés sont dorés
en Australie, en Argentine, au Chili et en Nouvelle-Zélande.
- En février, les épis mûrs
tombent sous les faucilles des moissonneurs hindous.
- En mars, on moissonne en Égypte
et au Soudan.
- En avril, vient le tour de la Syrie,
de l'Iran, de l'Asie mineure.
- En mai, la moisson commence en Afrique
du Nord, en Chine et au Japon.
- En juin, c'est en l'Italie, en Grèce,
au Portugal et en Espagne que les blés sont coupés… En Juillet,
La Russie méridionale et l'Autriche sont en pleine moisson.
- En août, bien sûr, c'est
notre tour et avec celui de la France et de la Belgique, ceux du Canada
et des États-Unis, de l'Allemagne.
- En septembre, la Colombie britannique
et les territoires de la baie d'Hudson voient leurs récoltes s'engranger.
- En octobre, Suède, Norvège
et Russie du Nord coupent à leur tour.
- En novembre, on moissonne au Pérou
et sur les Hauts-Plateaux de l'Afrique du Sud.
- En décembre enfin, les moissonneurs
Birmans se livrent aux gestes millénaires en chantant la gloire
du Soleil bienfaisant.
Extrait de l'Almanach du Pèlerin 1987
Les gens difficiles préfèrent
par dessus tout le pain de froment. Dans leurs exigences, ils oublient
que le froment a aussi les siennes. Certes, on le trouve partout dans le
monde, mais il demande un meilleur sol que la plupart des autres espèces
céréalières ; il a un temps de croissance assez long
et doit, une fois mûr, être récolté rapidement.
Le froment pousse exceptionnellement bien non seulement sur les terres
sablonneuses riches en humus et mélangées d'argile, que l'on
rencontre en Europe Occidentale et dans le sud de l'Allemagne.
Les 200 variétés du froment
font qu'on le cultive dans le monde entier. Le berceau de l'épeautre
semble être en Asie Mineure. Le néerlandais "enkoren" et l'allemand
"Einkorn" désignent à la perfection cette céréale
dont l'épi ne porte qu'un seul grain.
Cette espèce fut cultivée
en Moyen-Orient, dans la presqu'île balkanique, en Hongrie et par
les habitants des cités lacustres en Suisse. Elle était aussi
connue des Troyens. La culture la plus répandue est celle
du blé dit tendre (triticum aestivum). Il s'agit d'un froment de
printemps ou d'été, qui couvre 90 % de la culture totale.
Maintenant, c'est chaque mois que l'on
récolte du froment dans le monde , le froment suit le soleil de
l'hémisphère nord à l'hémisphère sud.
L'orge était l'espèce céréalière
la plus importante en Égypte. Dans le "Livre des Morts", une âme
délivrée s'écriait dans l'au-delà "Les dieux
vivent comme moi, enfin je vis comme les dieux. Je vis en que grain de
semence, je grandis en tant que grain de semence, je suis l'orge".
Homère aussi louait l'orge dans son Iliade. La Farine d'orge sacrée
était incorporée aux offrandes faites aux dieux. L'orge était
appréciée comme "moelle de l'homme" et Platon voulait que,
dans son état idéal, seuls l'orge et le froment servent à
l'alimentation de base.
Un champ d'orge est particulièrement
agréable à la vue. Les épis sont légèrement
courbés et les longues barbes, telles des rayons, semblent émettre
de la lumière. Le grain elliptique pointu à son extrémité,
d'une couleur jaune paille, est entouré de deux glumelles solidement
attachées. L'orge ne se prête pas particulièrement
à la panification, aussi sa farine est-elle souvent mélangée
à du froment ou du seigle. Si le pain contient trop d'orge, il sèchera
vite.
Mais, grâce à une teneur
faible en gluten et élevée en amidon, elle se transforme
facilement en malt et est donc une matière première idéale
pour le brassage de la bière.
L'orge s'adapte bien à chaque climat
et à chaque sol, sauf un sol acide ou sablonneux. Elle mûrit
même au Groenland, en Norvège à 70 degrés de
latitude et au Tibet à une altitude de 4000 mètres.
L'épi de l'avoine n'a pas la structure
stable et régulière de l'épis de seigle ou de froment
mais se divise en plusieurs panicules contenant chacun quelques grappes
de grains. Il se balance légèrement au moindre vent et au
moment de la moisson l'avoine nous donne le spectacle de ses tiges d'un
beau brun doré. L'avoine fut principalement ajoutée au pain
dans les régions pauvres en céréales et aux époques
de famine. Le pain contenant de l'avoine a un goût fade, il sèche
vite et est cassant. La farine d'avoine fut cependant utilisée anciennement
pour cuire le pain dans les montagnes d'Écosse, dans le centre de
l'Allemagne (Spessart) et dans la province polonaise de Galicie.
L'avoine a toutefois une autre qualité
essentielle : sa teneur en matières grasses est élevée,
trois fois plus que celle de l'orge, du froment et du seigle et 10 fois
plus que celle du riz brut.
A l'origine, les peuples du bassin méditerranéen
connaissaient à peine l'avoine. L'omniscient et pédant Pline
considérait l'avoine comme une orge malade. Le docteur Samuel Johnson,
ce grand génie anglais, écrivit avec mépris dans son
célèbre "Dictionnaire de la langue anglaise" : "L'avoine
est connue en Écosse comme nourriture pour les hommes et en Angleterre
comme aliment pour les chevaux". Un Écossais lui répliqua
sèchement : "Si l'Angleterre est célèbre pour ses
chevaux, l'Écosse l'est pour ses hommes forts".
Pline l'Ancien, habitué aux bonnes
choses, qualifiait le seigle de "céréale inférieure".
D'après lui, le seigle était seulement bon à manger
quand on n'avait rien d'autre. Il devait toutefois concéder qu'il
présentait certains avantages : "Les épis de seigle renferment
des grains nombreux et lourds". La sombre farine du seigle avait la réputation
de répandre une odeur âcre. Les Roumains n'aimaient pas le
pain de seigle alors que les Allemands le préfèrent. Au Moyen-Âge,
le seigle était d'ailleurs apprécié dans toute l'Europe.
Au début du dix-huitième siècle, la pâte à
pain contenait 40 % de seigle et dans l'ancienne Angleterre, on nommait
le mois d'août, pendant lequel on récoltait l'orge, "Rugern".
En 1800, le pain anglais ne contient plus que 5 % de seigle. La Suède
et le Danemark, pays où le seigle était très répandu,
se détournèrent de celui-ci et donnèrent de plus en
plus la préférence au froment. Ce changement dans le goût
pénétra même en Pologne.
En ce qui concerne la nature du sol, le
seigle n'est pas aussi exigeant que le froment. On le cultive dans la moyenne
montagne en Allemagne, jusqu'à 900 mètres d'altitude, dans
les Alpes jusqu'à 900 mètres et dans le Valais jusqu'à
2000 mètres. Le seigle a de longues barbes mais pas de balles. Il
peut atteindre 2 mètres de hauteur de sorte que sa paille fournit
un excellent matériau de couverture pour les toits.
Les graminées
Voir le site INRA : http://www.inra.fr/
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